Cet index synthétique offre un aperçu des grandes « familles » d’œuvres réalisées par Marcelle Cahn suivant les différentes approches plastiques et formelles qui ont traversé son œuvre.
Expressionnisme
De 1915 à 1918, Marcelle Cahn se forme à Berlin, où elle suit les cours d’Eugen Spiro qui l’initie au portrait et fréquente l’atelier de Lovis Corinth, où elle étudie le nu. L’artiste découvre alors l’impressionnisme et l’expressionnisme s à la galerie Der Sturm dirigée par Herwarth Walden. Tout en admettant être d’un tempérament plus serein, Cahn admire « l’exaltation de la couleur » et la « force brutale » dont sont capables les expressionnistes. Sa peinture, encore figurative et ordonnée, expérimente alors cette touche plus vigoureuse et colorée.
Purisme
La période puriste de Marcelle Cahn se développe à Paris de 1925 à 1930 et marque durablement son œuvre futur. Elle intègre alors les cours de Fernand Léger et d’Amédée Ozenfant à l’Académie moderne, qui l’initient au purisme : dépassement du cubisme, la doctrine puriste plaide pour des compositions claires, à la structure géométrique, aux contours linéaires et à la facture lisse et précise. Cahn fréquente alors différents cercles d’avant-garde, et rejoint en 1929 le groupe Cercle et Carré fondé par Michel Seuphor et Joaquín Torres García. Elle participe à des expositions historiques, comme « L’art d’aujourd’hui » (Paris, 1925) ou l’unique exposition de Cercle et Carré (Paris, 1930). Ses peintures des années puristes représentent des sujets quotidiens et des natures mortes.
Biomorphisme
Au cours des années 1930, la production picturale de Marcelle Cahn se raréfie, l’artiste traversant une décennie solitaire, exilée loin de Paris et de Strasbourg quand approche la Seconde Guerre mondiale. Dans les rares toiles connues de cette période et dans ses dessins alors plus abondants, elle se recentre sur une figuration hybride, mi-puriste mi-surréaliste, aux anatomies courbes et longilignes, parfois imbriquées. Ces formes biomorphiques, qui tendent à une abstraction organique, persistent au tout début des années 1950, dans des toiles aux couleurs vives présentées au Salon des Réalités nouvelles, explorant des jeux de courbes et de contrecourbes, avant que ne reparaisse, en 1952, une abstraction plus géométrique.
Abstraction géométrique
Marcelle Cahn renoue á partir de 1953 avec l’abstraction géométrique avec ses Tableaux-reliefs peints en blanc sur bois, sur isorel ou contreplaqué, à la surface desquels l’artiste incise de fines lignes noires, formant de rigoureuses trames géométriques. Décrite par Waldemar George comme « l’époque linéaire », cette période révèle l’extrême application de l’artiste, traçant ces réseaux avec la précision du dessin industriel. Des rectangles, des carrés et parfois des triangles au chromatisme délicat habitent ces structures orthogonales et parfois diagonales, dont certaines compositions sont réversibles. Des reliefs peints ou des sphères en volumes faites en bois, en isorel ou en balsa viennent parfois ponctuer la surface de ces Tableaux-Reliefs.
Lyrique et informelle
À partir de 1956, Marcelle Cahn rédige une vingtaine de courts textes poétiques sous forme de notes manuscrites, d’annotations en marge de ses dessins ou de rares tapuscrits. Elle réalise également des « dessins-poèmes », dans lesquels de délicates hachures, griffures et nuées colorées deviennent les portées de mots éparses. Dans ces textes poétiques, pour la plupart très courts, reviennent les thématiques musicales, célestes et astrales, aussi traversées par les motifs du silence et de la solitude.
Spatiaux
Marcelle Cahn conçoit son premier Spatial en 1961, encouragée par l’artiste suisse Gottfried Honegger. Des petites boîtes de médicaments en carton, mise à plat et découpées, sont à l’origine de ces sculptures de bois peint en blanc, composées d’un panneau central fixe bordé de volets latéraux mobiles. Pastilles, rectangles, triangles : des formes géométriques colorées viennent ensuite animer la surface immaculée de ces formes. Par leur titre et leur silhouette élancée, ces sculptures évoquent les fusées et les satellites de la conquête de l’espace qui se joue depuis la fin des années 1950.
Espace public
Marcelle Cahn réalise en 1976 deux sculptures pour l’espace public, commandées dans le cadre du 1% artistique par Serge Lemoine, alors conseiller artistique de la région Bourgogne. Au collège Paul Fort d’Is-sur-Tille, elle réalise Spatial C, en polyester et métal peint. Au collège du Parc à Dijon, elle crée L’Envol aussi intitulé Plans dans l’espace avec sphère en métal peint en blanc. Ces deux sculptures monumentales traduisent l’évolution de l’œuvre de Marcelle Cahn du plan au relief, puis au volume.
Collages
Après quelques collages d’esprit cubiste en 1925, Marcelle Cahn renoue tardivement avec cette pratique, en 1952. Le retour au collage est pour elle une révélation que lui permettant de « pouvoir exprimer rapidement, avec des matériaux différents, un certain son que ne peut avoir une peinture. » Avec une grande économie de moyens, et compensant ses problèmes oculaires par la dimension tactile du collage, Cahn recycle des matériaux du quotidien : des gommettes, étiquettes et œillets autocollants, mais aussi des boîtes de médicaments, des enveloppes, des cartes postales et divers emballages. Sous des abords ludiques, Cahn poursuit dans le collage ses recherches puristes, constructivistes et abstraites. Elle réalisera également des photocollages et des collages sur sérigraphie.